Par mes photographies je saisis le temps, 
le temps d’un silence.
Un instant où rien n’existe avant,
rien n’existe après. Juste un temps,
celui d’un soupir,
d’une pause où l’on s’y glisse pour l’habiter pleinement. Je ne cherche pas à fixer ni écrire un souvenir,
je veux accompagner le mouvement,
la vie. Je ne cherche pas à figer une image,
mais à prolonger un regard,
une émotion qui s’exprime, sans dire un mot.
Le silence n’est-il pas un bruit aux mille échos ?
Le silence entre les notes n’est-il pas la musique ?
« J’écrivais des silences, des nuits. Je notais l’inexprimable, je fixais des vertiges. » Arthur Rimbaud (Délires II, Une saison en enfer) Découpé en tableaux photographiques,
semblables à des chapitres de vie,
le silence prend sa place.
Sur un instant volé,
je photographie l'enfant,
son regard,
sa main... Je m'accroche à son silence,
à la fois fragile et plein. A quoi pense t-il ?
N'est-il pas seulement dans l'instant ? Je le regarde,
muette,
je m'interroge sur le monde à venir,
le paradoxe s'immisce.

Je photographie la femme.
Son silence semble être le reflet de ses espoirs et de ses rêves; 
des ses interrogations sur sa condition,
dans ce monde trop ancien pour elle.
Il est au cœur de sa vulnérable liberté.

Entre l'océan et la méditerranée, 
le silence s'inscrit dans le manque absolu de l'être infiniment cher,
disparu...
à l'intérieur d'un voyage tissé d'espoir,
et auprès de son âme. Il est dans les mots qui se taisent,
dans la douleur étouffée parce que trop violente. Le silence se fait entier dans les lieux saints,
emprunts de croyances intimes,
d'espérances et de cierges brûlés.
Le silence est auprès de l'amie,
de sa présence précieuse
et de tout ce qu'elle ne dit pas. Le silence se fait respiration.

Enfin, le silence s'invite dans le souffle adolescent, 
son jardin secret,
son nouveau printemps. Et puis il y a l'eau,
l'eau salvatrice,
retour à notre naissance,
à notre profonde intimité.

 

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