Le temps d’un silence

Par cette série de photographies je saisis le temps, le temps d’un silence. Un instant où tien n’existe avant, rien n’existe après. Juste un temps, celui d’un soupir, d’une pause où l’on se glisse pour l’habiter pleinement. Je ne cherche pas à fixer ni écrire un souvenir, je veux accompagner le mouvement, la vie. je ne cherche pas à figer une image, mais à prolonger un regard, une émotion qui s’exprime sans dire un mot.

Le silence n’est-il pas un bruit aux mille échos ? Le silence entre les notes n’est-il pas la musique ?

Découpé en tableaux semblables à des chapitres de vie, le silence prend sa place.

Sur un instant je photographie l’enfant, son regard, sa main. Je m’accroche à son silence, fragile et plein. A quoi pense t-il? Je le regarde, muette, je m’interroge sur le monde à venir, le paradoxe s’immisce.

Je photographie la femme. Son silence semble être le reflet de ses espoirs et de ses rêves, de ses interrogations sur sa condition dans ce monde trop ancien pour elle, au cœur de sa vulnérable liberté.

Et puis entre l’océan et la méditerranée le silence s’inscrit dans le manque absolu de l’être infiniment cher, disparu. A l’intérieur d’un voyage tissé d’espoir et auprès de son âme. Il est dans les mots qui se taisent, dans la douleur étouffée, trop violente. Le silence se fait entier dans les lieux saints emprunts de croyances intimes, d’espérances et de cierges brûlés.

Le silence se trouve aussi auprès de l’amie, de sa présence précieuse et de tout ce qu’elle ne dit pas. Le silence se fait respiration.

Enfin, le silence s’invite dans le souffle adolescent, son jardin secret, son nouveau printemps. Et il se gorge d’eau, l’eau salvatrice, retour à notre naissance et notre profonde intimité.